Rapport moral du président de l’Entraide

Mes chers frères et sœurs Pour l’Entraide, quelle année ! Sauf qu’une fois qu’on a dit ça, on peut vraiment se demander si on parle ainsi de l’année 2023 ou de l’année 2024, ...

Mes chers frères et sœurs
Pour l’Entraide, quelle année ! Sauf qu’une fois qu’on a dit ça, on peut vraiment se demander si on parle ainsi de l’année 2023 ou de l’année 2024, dont nous n’avons pourtant pas encore passé le premier trimestre. Car les missions que nous avons acceptés d’entreprendre aujourd’hui auprès de notre prochain ont d’ores et déjà atteint un niveau impressionnant, et presque intimidant.
Notre ministère diaconal est étymologiquement et ecclésiologiquement celui du service, et pourtant on pourrait se demander si parfois ce n’est pas aussi un sacerdoce, au sens plaisant du mot. Plus que jamais, ces derniers temps, nous avons été amenés à comprendre que la nature et l’ampleur des besoins que nous rencontrons sont imprévisibles.
Et nous avons été, là aussi plus que jamais, confrontés aux limites qui sont celles d’une diaconie locale, même fortement soutenue par l’Église dont elle est partie prenante en tant que ministère.
Le principal ennemi auquel nous avons été confrontés en 2023, c’est dans le cadre des aides individualisées, et plus particulièrement lors de l’accompagnement des démarches, que nous avons fait sa connaissance. Il s’agit de l’échafaudage des règles complexes et des délais de procédure qui précarisent les situations et rendent les problèmes inextricables. C’est un labyrinthe qui n’aurait aucune issue, et dans lequel on gaspillerait pour rien son temps et son énergie. Un temps qui travaille d’ailleurs souvent contre nous, et une énergie qui connaît des limites.
C’est une leçon de vie, et nous savons bien, dans nos réseaux, que des associations plus anciennes l’ont vécu bien davantage et plus souvent que notre entraide de relativement fraîche date en comparaison. Nous voudrions pouvoir aider chacun aussi bien qu’il le faudrait, et c’est toujours une épreuve quand ça ne marche pas, ou du moins, pas aussi bien qu’on l’avait espéré.
Je suppose que pour une Entraide, vivre ces épreuvres, c’est ce qui s’appelle grandir.
Sauf qu’il y a plusieurs domaines dans lesquels on peut grandir. Car la foi que nous pouvons rencontrer chez ceux que nous aidons, malgré les épreuves qu’ils ont vécues ou qu’ils vivent encore, cette foi peut faire grandir la nôtre. Et d’autre part, nous ne devons jamais abandonner l’espérance. J’ai évoqué un labyrinthe sans issue, mais on peut toujours sortir d’un labyrinthe par le haut, si on en trouve le moyen sans se brûler les ailes. Mais Dieu nous a aussi prouvé, à Jéricho, qu’en son nom on peut abattre des murs, alors pourquoi pas ceux de ce labyrinthe ?
Quant à l’amour qui nous motive, étant ce qu’il y a de plus important, il ne doit jamais, au grand jamais, désarmer.
La foi, l’espérance et l’amour, je me suis rendu compte au fil des ans que je les cite assez régulièrement dans les rapports moraux de l’Entraide, mais c’est parce qu’ils sont notre meilleure réponse aux épreuves, et le plus puissant des moteurs pour notre ministère.
Et nous sommes toujours là. Parce que nous recevons un appel auquel nous voulons répondre. Parce que nous voulons répondre par la foi, l’espérance et l’amour. Rien ne fait plus sens pour notre Entraide que cela.
Et il ne faudrait pas, dans le tableau, oublier les joies. Le mot n’est pas trop fort.
Quand une mobilisation change la vie de quelqu’un, quelqu’un qui trouve dans cette fraternité un sens nouveau à sa vie, ce n’est pas rien, même si se profilent pour lui à l’horizon de nouvelles épreuves. Quand nous sommes capables de redonner l’espoir, le sourire parfois, à une femme, un homme, un enfant, c’est un petit miracle pour notre humanité.
Quant aux tables du CASP ! Qui aurait pu penser, en 2022, que nous serions déjà deux fois plus de bénévoles pour accueillir deux fois plus d’invités en 2023, et que nous le ferions mieux encore, et que nous avons d’ores et déjà fait au moins aussi bien en 2024 ! Quelle belle et grande activité que nous avons là, occasion de convivialité et de rencontre, creuset de fraternité vivante, et désormais pilotée et animée comme elle le mérite.
Parlons des perspectives. Je serais bien incohérent et vaniteux si je prétendais connaître ce que l’avenir nous réserve après avoir parlé de son imprévisibilité en ce qui concerne une diaconie comme la nôtre.
Par contre, je sais que nous devons nous préparer à bien des choses. Je me refuse bien évidemment à faire de la politique dans le contexte d’un ministère de notre Eglise, mais le risque de précarisation et de paupérisation que certaines lois récentes font courir à beaucoup de personnes a été abondamment relevé dans le réseau des acteurs de solidarités, et nous ne devons en aucun cas nous bercer de l’illusion que les conséquences ne nous concerneront pas.
Car notre Entraide a aussi grandi d’une autre manière : de plus en plus de mobilisation, pour de plus en plus d’actions. Sommes-nous devenus au fil des ans un grosse Entraide ? N’allons pas jusque là. Mais une petite Entraide, c’est devenu difficile à dire.
Des limites, il y en a, nous en avons, il y en aura. Des réseaux sont derrière nous, et nos partenaires nous aident ; et nous sommes aussi derrière les autres
si nécessaire, pour les soutenir, comme nous l’avons aussi fait ces dernières années.
Mais en tout état de cause, et quoi qu’il advienne, nous sommes comme les scouts : toujours prêts, et nous ferons de notre mieux. Avec l’aide de Dieu.
Car comme il est dit dans le livre des Proverbes, chapitre 16, verset 1 : « L’homme fait des projets ; mais celui qui a le dernier mot, c’est l’Eternel ».
Merci !

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